Loup

LA POSITION DE JOSE BOVE SUR LES LOUPS


Source : http://www.radio-totem.net/actualite/journal/lozere/article-60149-loup-en-lozere-la-position-de-jose-bove/?page=&filtre=all

Loup en Lozère : la position de José Bové

le 18/07/2012 09h24


José Bové était en Lozère, mardi, à l'ouverture du festival de cinéma de Vébron. L'occasion pour lui de s'exprimer sur la polémique liée au retour fortement présumé du loup dans le département. Et l'euro-député Europe Écologie - Les Verts prend une position différente de celle de son parti. José Bové estime en effet que le loup constitue une menace intenable pour les éleveurs que l'on ne doit pas accepter au nom de la biodiversité (écouter en cliquant ici).




José Bové, le loup et les 

naturalistes...

Par Claude-Marie Vadrot - 6 août 2012

Source : 
http://www.politis.fr/Jose-Bove-le-loup-et-les,19178.html


Avant de polémiquer, et d’assimiler les propos de José Bové à ceux des chasseurs et des politiques qui ont fait de la lutte contre le loup un combat rétrograde, il est sans doute nécessaire de lire et d’essayer de comprendre ce qu’il veut dire.
Ceux qui critiquent aujourd’hui José Bové pour ces déclarations sur le loup n’ont pas de mémoire, car ce n’est pas la première fois qu’il exprime cette opinion qui a toujours été la sienne. Celle de l’éleveur du Larzac qu’il a été de 1975 à 2009. Un point de vue qu’il faut entendre avant de crier au loup. Car, bien qu’ardent défenseur du loup et auteur d’un livre condamnant les siècles de diabolisation de cet animal magnifique, je fais partie de ceux qui veulent aussi entendre les bergers de bonne foi. Voici ce que disait Bové en 2009, pendant la campagne électorale européenne dans un livre d’entretien que j’ai publié avec lui chez Delachaux et Niestlé.
Extraits non modifiés....
Des écologistes vont te rappeler que tu es contre les loups, que tu as un jour dit « si j’en vois un s’approcher de mon troupeau, je tire »
Je l’ai dit, mais je ne vois pas pourquoi je laisserais un loup s’attaquer à mon troupeau, à mon gagne-pain ! Bové n’est pas contre les loups. Mais Bové est d’abord paysan, éleveur, et pour lui effectivement – pour moi – la question de l’élevage est essentielle. Je ne reproche à personne de vouloir sauver les loups, mais que les gens ne me reprochent pas de vouloir sauver mes brebis. Nous sommes aujourd’hui dans cette situation particulière d’antagonisme, de conflit par rapport aux loups parce ce que nous vivons une désertification qui s’accentue partout chaque année. Comme je l’ai souvent dit, le danger principal, pour un troupeau, ce n’est pas tellement le loup mais le ministre de l’agriculture, ou la politique agricole européenne, ce qui revient au même. L’élevage ovin est réduit a néant, dans le secteur agricole cette activité a le plus mauvais revenu de tous. Donc, c’est vrai que le loup représente un problème qui s’ajoute aux difficultés. La diminution du nombre d’éleveurs et de la présence humaine dans la montagne, entraîne un retour des animaux sauvages ; pas seulement le loup, mais d’autres comme le lynx par exemple. Cette présence provoque des tensions dans de plus en plus nombreuses régions. Mais cette tension ne constitue pas une nouveauté, elle a été permanente depuis des siècles dans l’histoire humaine des campagnes, mettant le loup face aux éleveurs. Des problèmes, des affrontements il n’en pas existé que sur le Gévaudan, mais aussi dans le centre ou dans l’est de la France. Cette confrontation entre l’éleveur, le paysan et les aléas de vie au sein du milieu naturelle n’a jamais été simple, comme ne sont jamais simples tous les conflits qui surviennent sur un territoire. Pour les uns comme pour les autres il y a la volonté d’éliminer l’autre. Normal, je n’élève pas des brebis pour nourrir le loup qui a lui-même tendance à aller au plus facile pour se nourrir ; je dirais presque que...c’est humain de sa part, car la brebis court moins vite qu’un chevreuil ou un chamois. Donc, la première réaction est que c’est lui ou mes brebis !
Ensuite une autre question se pose : est il est possible de parvenir à une nouvelle harmonie entre les concurrents que sont les hommes et certaines espèces sauvages qui occupent le même territoire ? Je ne sais pas ? J’ai des doutes dans un sens comme dans l’autre. Répondre par l’affirmative, ce serait oublier une situation à peu prés semblable dans tous les pays européens, a savoir que tous les territoires ruraux et agricoles, qu’on le veuille ou non, ne sont plus constitués que d’espaces occupés et donc intégralement façonnés par l’homme. Nos montagnes ont été transformées par les hommes, qu’il s’agisse de la coupe des forêts, de l’agriculture ou de l’élevage. Ces montagnes ne sont même plus sauvages dans leurs parties les plus hautes, sur les sommets, puisque pour les escalader des hommes ont équipé des voies d’escalade, planté des pitons partout, voire laissé des échelles. A mon avis, s’obstiner à croire à un espace naturel mythique ou idyllique, sans présence humaine relève d’une grave erreur d’appréciation de la réalité. Il faut renoncer à considérer la campagne, plaine ou montagne, comme un simple espace de jeu ; ou comme une agréable nature sauvage dans laquelle il ferait simplement bon vivre. Un espèce de mythe plus ou moins rousseauiste avec des lions végétariens qui mangeraient à côté des antilopes ou des loups qui lècheraient les agneaux égarés pour les ramener ensuite à leur mère. Non seulement il ne faut pas se tromper de siécle, mais en plus il ne faut pas oublier que l’équilibre de la nature se bâtit sur une chaîne alimentaire avec de très nombreux prédateurs. L’élevage s’ajoute à cette logique et trouble encore davantage l’espace soi-disant naturel, car à partir du moment où des hommes ont commencé à domestiquer des animaux, où il leur a aménagé des espaces pour nourrir une famille, pour obtenir des produits, cela a remis en cause les rapports entre les animaux sauvages et l’homme, puisque qu’un immense partie du territoire se retrouve lui aussi domestiqué. L’espace naturel du XXI ème siécle n’a plus rien à voir avec celui du Moyen Age, ne serait-ce que parce que nous sommes bien plus nombreux !
Reste un vrai débat entre une domestication, construite sur des milliers d’années par les chasseurs qui sont devenus éleveurs ou agriculteurs, et ceux qui gardent cette vision un peu fausse ou dépassée d’un espace naturel vierge. Reste aussi, je ne le nie pas, la question, de la sauvegarde, sur un territoire marqué par une pratique agricole et une présence humaine, d’une certaine harmonie et d’une biodiversité dont nous avons tous besoin, les paysans comme les autres. Ce qui revient à se demander comment un territoire peut-être préservé. Malgré tout, je ne pense pas que les tensions que j’évoquais soient vraiment une mauvaise chose. Il faut faire avec, elles sont inévitables et on décide au cas par cas, par une accumulation de textes qui ne satisfont personne. Le problème, dans le fond réside dans une réalité difficile : les éleveurs se sentent acculés parce qu’ils ont l’impression d’être la dernière roue de la charrette par rapport, à la fois, à l’image que les gens se font d’eux et par rapport à la politique européenne. Ils vivent dans une situation où ils sont considérés comme les derniers des Mohicans par rapport au modèle dominant et également face à des gens, les naturalistes par exemple, qui les critiquent avec de très bonnes intentions mais qui ont beaucoup de mal à prendre en compte la vision paysanne et à intégrer cette culture paysanne ; et donc une autre vision des animaux, sauvages ou domestiques.
Mais bon, je ne vais pas prétendre que certaines pratiques des éleveurs ne sont pas critiquables. Parce qu’effectivement, si un éleveur laisse 500 ou 1 000 brebis gambader toutes seules dans la montagne et qu’il se contente d’aller leur rendre visite de temps en temps, cela peut entraîner de gros risques. Mais, le berger, dans un système qui ne nourrit plus son homme, il est tout seul, il n’a pas de personnel. Lorsque la transhumance existait encore, que les troupeaux de la Crau montaient dans les Alpes, ou de l’Hérault vers les Cévennes, les grands troupeaux qui se déplaçaient étaient accompagnés de nombreux bergers ; et les troupeaux qui restaient en estive étaient très importants, parfois un millier de bêtes avec beaucoup de gens pour les garder. Il n’y avait pas beaucoup de petits troupeaux de 50 ou 100 brebis gardées par un berger. Evidemment, avec des troupeaux dispersés un peu partout dans la montagne, le risque de prédation est beaucoup plus grand et la vision du berger est complètement différente. De plus, les naturalistes doivent comprendre que ce berger ne considère pas sa brebis de façon isolée. Il a une vision globale des brebis, il considère son troupeau comme une entité ; et toute agression contre son troupeau est une atteinte à sa raison de vivre, il la ressent personnellement, au delà du préjudice financier éventuel ; personne ne peut rembourser ce qu’il ressent lors d’un attaque, qu’elle soit le fait de chiens sauvages ou de loups. C’est un sentiment, une réalité qu’il faut prendre en compte et que les naturalistes peuvent d’ailleurs retrouver chez Giono de manière tout à fait extraordinaire.
Tu veux dire que la coexistence est possible à condition que l’espace dit naturel soit réoccupé par les paysans.
Oui, mais pas seulement car il faut mener à son terme le débat sur l’utilisation du foncier, sur l’usage de la terre. Donc nous ne devons pas décalquer dans les campagnes un modèle productiviste qui découpe tous les territoires en tranches spécialisées. Il ne doit pas subsister un territoire pour l’agriculture, un territoire pour l’élevage, un territoire pour la chasse, un territoire urbain ou péri-urbain pour dormir, un territoire pour le loisir, un territoire pour les animaux sauvages et encore un autre enfin pour le travail. Il faut revenir sur le modèle industriel de segmentation. Il faut que tous les espaces se croisent, s’interpénètrent. Il faut désormais travailler non plus dans des espaces antagonistes, qui se font face, mais envisager une occupation du territoire permettant à tous les usagers de discuter globalement de la gestion de l’espace, d’établir la légitimité de chacun des besoins et des aspirations, pour que toutes les légitimités puissent être assemblées dans le même espace. Ce qui conduit à toutes les cohabitations possibles et imaginables. Il faut résoudre les conflits d’usage puisque chacun exprime une légitimité, mais pas dans des logiques d’exclusivité, d’exclusion ou de propriété.

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Source 

http://signature.rsr.ch/?p=2121

LE POLITICIEN EST UN LOUP POUR LE LOUP



Les politiciens suisses ont visiblement plus peur du loup que des complications administratives. Le retour du prédateur dans nos contrées a suscité l’émoi chez les éleveurs et leurs très zélés défenseurs, souvent valaisans. Au point de forcer le Conseil fédéral à demander un assouplissement de la Convention de Berne qui protège le « canis lupus » depuis 1980.
La requête va être transmise à Bruxelles. Et ce n’est là que le début d’un long processus, car la modification, qui ne concerne que la Suisse, doit être approuvée par trois quarts des membres du comité de la Convention de Berne, puis par le Comité des Ministres, et enfin par le Parlement national d’une partie des quelques cinquante signataires de ce traité.
Voilà qui prendra probablement des années. Et si la démarche n’aboutit pas, la Suisse devra dénoncer la Convention qui porte le nom de sa capitale, pour y adhérer à nouveau tout en formulant des réserves sur le loup.
On frise là le ridicule, mais après tout pourquoi pas. Rien n’est gravé dans le marbre, pas même un traité international.
Sauf que dans le cas d’espèce, la Convention permet déjà des exceptions. Les cantons peuvent octroyer des autorisations de tir si le loup se montre trop gourmand.
Cet acharnement politique est révélateur de la résurgence d’une peur ancestrale. Et la peur est mauvaise conseillère.
Parce que dans un registre plus rationnel, les programmes de protection des troupeaux commencent à montrer leurs effets. Seuls deux animaux de rentes ont été tué par des grands carnivores cette année dans le canton de Vaud. Vaud où 90% des moutons et chèvres estivant dans les Alpes sont surveillés.
Des chiens, des enclos et des bergers, c’est sans doute le moyen le plus rapide et efficace de protéger les troupeaux. Plutôt qu’une liberté de tirer obtenue au prix d’un parcours du combattant administratif.
Chrystel Domenjoz




Source :


Les loups victimes du piégeage au Québec
Au cours des dernières années, on remarque de façon constante une forte augmentation de la mortalité ''lupine'' causée par le piégeage. Le nombre de loups tué par le trappage est passé de 357 en 2002 à 628 en 2010, soit une augmentation de 75%, sans oublier l'année record de 2007 où 728 loups ont été éliminés, une augmentation de 103% de loups sacrifiés en comparaison avec 2002.
piege loup 3PHOTO: ARCHIVES
 
ANNÉELOUPS TUÉSPRIX MOYENTOTALANIMAUX À FOURRURES TUÉS
2004-0544880.14$35,903.00$208,537
2005-0646560.70$28,226.00$230,603
2006-07728110.70$80,590.00$279,724
2007-08475112.80$53,580.00$194,638
2008-09629113.60$71,454.00$210,440
2009-10628119.58$75,096.00$214,192
2010-11*
NB
Exclus les loups tués par les piégeurs et non déclarés au Système Fourrures du MRNF.
Exclus les loups tués par les chasseurs.
Exclus les loups tués par les braconniers.
* Données partielles pour 2010-2011
Photo12PHOTO: ARCHIVES

NOS FONDS PUBLIQUES SERVENT À FINANCER LE PIÉGEAGE AU QUÉBEC
trap1PHOTO: ARCHIVES
Québec, le 19 février 2010
Le ministre Serge Simard du ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) accorde une subvention de 102 500$ à la Fédération des trappeurs gestionnaires du Québec (FTGQ). Cette aide répond aux objectifs du Ministère, soit la connaissance des marchés et des clientèles, l'éducation, la promotion et la sensibilisation en matière d'exploitation de la faune et le recrutement de la relève pour le piégeage.

DÉTAILS DES FONDS PUBLIQUES ACCORDÉS À LA FTGQ
Développement d'un modèle de gestion intégrée du rat musqué dans un bassin versant en milieu agricole : 11 000$
Administration du programme de Piégeage et gestion des animaux à fourrure (PGAF) : 11 000$
Protocole d'opérations pour la capture d'ours jugés dangereux : 18 000$
Cahier d'activités sur les animaux à fourrure et leur habitat : 10 000$
Mise à jour de la formation ''Piégeage des canidés'' : 25 000$
Amélioration du matériel de formation PGAF : 20 000$
Programme de relève de la FTGQ : 7 500$
TOTAL : 102 500$ 
 piege loup 1PHOTO: ARCHIVES

Québec, le 15 septembre 2010
Pour une seconde fois en moins de 7 mois, le ministre Serge Simard du ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) accorde une subvention de 77 882 $  à la Fédération des trappeurs gestionnaires du Québec (FTGQ). Cette aide financière a pour but de favoriser la mise en valeur de la faune exploitée par le développement et la promotion des activités de piégeage, ainsi que par l'accroissement de la relève. « Ils permettront également d'optimiser les performances et les outils de gestion des organismes fauniques afin qu'ils puissent être encore plus efficaces dans leurs interventions », conclut le ministre.

DÉTAILS DES FONDS PUBLIQUES ACCORDÉS À LA FTGQ
Mise à jour du manuel ''Piégeage et gestion des animaux à fourrure'' : 6 169$
Atelier sur la capture de l'ours : 17 488$
Cours sur la déprédation : 32 475$
Rendez-vous du trappeur : 3 375$
Sentier du trappeur : 18 375$
TOTAL : 77 882$ 


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PHOTO: ARCHIVES
DONNÉES SUR LA SITUATION ACTUELLE DU LOUP AU QUÉBEC
- Le piégeage demeure la principale cause de mortalité du loup au Québec. L'an dernier, plus de 628 loups ont été tués de cette façon.
- Depuis 1984, il est permis de piéger dans les réserves fauniques.
- De 2000 à 2010, plus de 4 950 loups ont été supprimés par les trappeurs. Année record en 2007 avec 728 loups sacrifiés.
- Chaque année entre 7 000 et 9 000 piégeurs éliminent plus de 200 000 animaux sauvages...sans compter les captures mortelles d'espèces protégées (oiseaux de proie).
- L'estimation ''lupine'' proposée par l'État reste floue et peu convaincante car elle repose davantage sur des postulats et des extrapolations que sur une véritable étude scientifique, exhaustive et objective.
- Bon an mal an, la Fédération des trappeurs gestionnaires du Québec (FTGQ) profitent des largesses des gouvernements qui se succèdent en obtenant de généreuses subventions pigées à même les poches de l'ensemble des contribuables. En 2010, plus de 180 000$ de fonds publiques ont été donnés à la FTGQ.
- Abolir le piégeage dans les réserves fauniques, c'est accepter les valeurs actuelles et c'est endosser le principe de précaution en matière de protection de la faune. En 1984, le gouvernement du Québec levait l'interdiction de piéger dans les réserves fauniques, cédant ainsi aux pressions du puissant lobby des 21 000 trappeurs de l'époque. Depuis ce temps, le nombre de piégeurs a chuté de 62 % ; actuellement, ils représentent qu'un très mince 0,11 % de la population totale de la province.
- Au Québec, le piégeage de 19 espèces animales, incluant le loup, est autorisé sur 1 490 444 km 2 soit plus de 98% du territoire québécois.
- Des fonctionnaires à l'emploi du Ministère des Ressources Naturelles et de la Faune du Québec (des biologistes, des techniciens de la faune et des agents de conservation) détiennent «à vie» des territoires de piégeage «à droit exclusif» dans les réserves fauniques.
- Le trappeur qu'il soit employé de l'État ou non, se démarque considérablement du chasseur car le produit de son activité lui procure des revenus substantiels et appréciables. Donc, un fonctionnaire pourrait être exposé à des situations où l'intérêt personnel risquerait d'être préféré à l'intérêt public.
- Ce privilège passéiste de piéger dans les réserves fauniques du Québec fut accordé dans un contexte social, culturel et économique fort différent de celui dans lequel nous évoluons aujourd'hui. Interdire le piégeage dans les réserves fauniques, c'est assurer un meilleur avenir pour les loups du Québec.
- Selon les responsables du Ministère des Ressources Naturelles et de la Faune (MRNF), le loup est une espèce protégée car sa ''gestion'' est encadrée par une saison d'exploitation et par diverses réglementations.
piege loup 2
PHOTO: ARCHIVES



Source

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/l-homme-est-un-homme-pour-le-loup-101904


L’homme est un homme pour le loup

Depuis des mois, des faits divers qui se veulent territorialement mobilisateurs, informent l’opinion d’attaques de troupeaux de moutons par de grands prédateurs que sont le loup et l’ours, et ce avec un manque d’empathie pour la faune sauvage inversement proportionnelle à une solidarité économique pour l’éleveur, le maquignon, l’équarisseur et le boucher réunis. L’ours et le loup sont des mammifères climaciques qui n’auraient jamais dû être systématiquement évincés des écosystèmes et pour lesquels nous agissons désormais pour la légitime réintroduction.

Laisser un peu de viande au loup ou à l’ours ? Jamais au grand jamais ! Et quand je pense à ce salaud de loup qui ose manger une brebis, j’enrage ! Telle est la cruelle et stupide mentalité d’Homo sapiens demens, toujours plus anthropocentriste et spéciste, qui entend s’approprier l’entièreté de la planète aux dépens des autres espèces, sans savoir qu’il hypothèque ainsi son avenir.
Des fais divers à propos de la soi-disant incompatibilité entre le loup (et tant d’autres grands prédateurs naturels) et nos filières pastorales et bouchères - par ailleurs coupables de la perte de biodiversité et de l’érosion des sols - en disent long sur la cécité écologique de l’homme exterminateur et désertificateur.
L’exploitation de la pensée spéciste est un avariant facile. Tout est bon, de la peur du loup à l’appropriation des alpages à la seule fin du pastoralisme. Comme si les montagnes devaient être reconverties en fabriques de moutons, comme si nous ne pouvions « partager », de façon d'ailleurs bien peu paritaire, quelques brebis avec les loups subsistants, et dont le régime est exclusivement carnivore. Notre suggestion au loup serait-il : fais-toi végé ou t’auras affaire à nous !? Notre suprématie sur les fondamentaux naturels nous aurait-elle conduits à la déraison ?
L’élevage est une filière économique qui repose sur un bluff : notre dérive gourmande à manger bien trop de cadavre, alors que notre régime est omnivore, à tendance frugivore. Un peu comme l’ours, un peu comme le chimpanzé, pour lesquels la viande n’est qu’un complément très aléatoire. Mais le système mercantile fit de nous des zoophages et nous savons ce que cette dérive coûte en exploitation abusive des ressources, en injustice à l'égard des pays du Sud, en souffrance animale et, pour ce qui se rapporte à notre petite personne, en maladies cardiovasculaires, cancers du colon et autres.
Ces lignes n’ont pas pour dessein de faire l’apologie du véganisme, ou même du banal végétarisme. Je voudrais juste attirer l’attention sur le droit des animaux non domestiques à ne pas se voir expropriés de leurs habitats. Aucune espèce ne doit disparaître par la faute de l’homme. Nous en sommes pourtant aux trois-quarts d’espèces végétales et animales éteintes suite à nos agissements contre-nature. C’est ce que l’on nomme la sixième phase d’extinction massive des espèces, la première de notre responsabilité. En se foutant de la Nature, les gens se foutent de leur futur.
Au Moyen Âge, comme il y avait l’ours et le loup, il y avait Goupil, le renard, et les poules disparaissaient. Alors, les renards y sont passés. Mille ans plus tard, la rage est éradiquée, mais à la demande des éleveurs de volailles, le renard est considéré comme un animal nuisible. 600.000 renards et renardeaux sont tués annuellement par les chasseurs et piégeurs. Cette destruction, souvent par des moyens ignobles, s'effectue au mépris de toute idée de respect de la biodiversité ou de notion d'autorégulation des prédateurs, et donne encore lieu, en certaines régions, au versement d'une prime à la queue de renard...
Dans le monde agricole, le spécisme est l’histoire d’une détestation plus ou moins inconsciente de l’animal auquel ne sont prodigués de bons soins qu’en contrepartie de services rendus ou de la qualité de sa viande.
Il tue le loup, il frappe l’âne, il caresse son chien et mange l’agneau, c’est l’homme !

Tuer le loup, caresser le chien et manger le mouton, c’est l’homme dans tout son redoutable et très subjectif spécisme, on ne peut mieux symbolisé dans les champs et les pâturages. Durant cette année 2011, des attaques de troupeaux attribuées au loup ont été recensées dans une dizaine départements. Pour les seules Hautes-Alpes et jusqu’en juillet, une cinquantaine de ces assauts auraient occasionné la mort de 263 ovins, lesquels étaient de toute façon destinés à la mort, mais à l’abattoir et au profit d’une consommation humaine et payante. Je ne vous raconterai pas toute l’histoire de Sami avant les loups… C’était le nom de mon berger belge lorsque je vivais dans le Mercantour, dans les années 1970, avant que l’on réintroduise le loup. Comme je n’ai jamais pu attacher un chien, celui-ci divaguait par monts et par vaux, non sans saigner ou apeurer quelques moutons. Les bergers du coin n’ont jamais hésité à venir me réclamer le dû de leur perte. Combien de chiens errants jouent-ils encore au loup ? Mais le loup est un bouc émissaire, pas le chien que l’on caresse ! Selon les évaluations officielles, entre 150 et 200 loups sont présents en France. Et pour le moment, seuls les agents de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage, ainsi que les lieutenants de louveteries sont autorisés « à détruire » les loups à distance hors de la zone autour du troupeau menacé, dans les conditions fixées par des arrêtés préfectoraux à durée limitée. L’homme est un homme pour le loup… Nous en sommes aux dernières sommations avant usage des armes et le populisme électoral que suscite l’approche des présidentielles ne sera pas favorable au noble prédateur de nos côtelettes. On va tirer de plus en plus.
Laisser un peu de viande au loup ou à l´ours ? Jamais au grand jamais ! Même si l’on débat de l’érosion des sols, de la désertification, de la détérioration de la strate végétale dans les systèmes les plus arides, du recul de la biodiversité floristique, de l’éviction de la faune sauvage, on ne se pose même pas la très écologique question de savoir si nos troupeaux surnuméraires ne sont pas plus nocifs aux écosystèmes que quelques loups erratiques. La filière bouchère et sa viande au kilogramme obnubilent. Économie et profits immédiats, en avant toute et myopie écologique oblige ! Telle est la cruelle et stupide mentalité d´Homo sapiens demens, toujours plus anthropocentriste, qui entend s´approprier l´entièreté de la planète aux dépens des autres espèces, sans savoir qu´il hypothèque ainsi son avenir.
Avec force de leurs arguments, nos agriculteurs montagnards s’opposent farouchement aux réintroductions de l’ours et du loup, pourtant anciens commensaux de l’homme et de son pastoralisme. La biodiversité n’est qu’une empêcheuse d’élever et de cultiver en rond. Quand le paysan parle de diversité animale, c’est avec des œillères et il ne pense qu’animaux productifs. Un animal non domestiqué n’a pas à exister. « Nous, paysans d'une vingtaine de pays européens et d'autres continents, appelons les éleveurs à continuer à protéger et à garantir la diversité animale créée depuis des siècles, par les savoir-faire de générations de paysans : diversité des races ou des populations, diversité au sein des troupeaux », déclare une Confédération paysanne qui ne voit l’animal que sous forme d’abats. Mais comment la bande à Bové si spéciste gère-t-elle donc ce conflit avec Europe-Écologie-Les Verts, tous pro-ours et pro-loup, que je sache ? Comment peut-on accuser les écolos de radicalisme alors que le plus grand laxisme règne chez eux dans l’objectif électoraliste ? Et pourquoi les écolos et les fondations environnementales ne sont-ils même pas un tant soit peu naturalistes ou animalistes ?

« Se nourrir des animaux n'est pas loin de l'anthropophagie et du cannibalisme. La même quantité de terre utilisée pour paître et nourrir du bétail pourrait nourrir dix personnes ; si de plus nous la cultivions avec des lentilles, haricots en grains ou petits pois, cela pourrait nourrir une centaine de personnes... Le bassin d'Orénoque peut produire suffisamment de bananes pour nourrir l'humanité entière confortablement. » Alexander von Humboldt
« En fait, si une personne fait du mal aux humains elle sera considérée comme étant cruelle, mais quand des gens sont cruels envers des animaux, spécialement au nom du commerce, on ferme alors les yeux sur cette cruauté, et lorsque de grosses sommes d'argent sont en jeu, elle sera même défendue par des gens autrement intelligents. » Ruth Harrison
« Je soutiens qu'il ne peut y avoir aucune raison — hormis le désir égoïste de préserver les privilèges du groupe exploiteur — de refuser d'étendre le principe fondamental d'égalité de considération des intérêts aux membres des autres espèces. » Peter Singer
« Le classement des formes, des fonctions organiques et des régimes a montré d'une façon évidente que la nourriture normale de l'homme est végétale comme les anthropoïdes et les singes, que nos canines sont moins développées que les leurs et que nous ne sommes pas destinés à concourir avec les bêtes sauvages ou les animaux carnivores. » Charles Darwin